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Le CNB voudrait faire prononcer l’omission des avocats qui n’auraient pas fait leurs heures de formation continue.

Si seulement nos Confrères savaient ….

Les avocats sont nombreux à s’abstenir de voter aux élections au Conseil National des Barreaux (elle auront lieu le 21 novembre). Pourtant, leur avenir immédiat se joue aussi là-bas.

Un exemple concret ? Le CNB veut permettre à chaque Conseil de l’Ordre de prononcer l’omission de tout avocat qui n’aurait pas suivi ses heures de formation continue obligatoire.

Vous n’y croyez pas ? Lisez donc ceci !

Formation = omission.

Le 8 septembre dernier, l’assemblée générale du CNB envoyait à la concertation des Ordres la proposition suivante de modification du décret du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat :

« Concernant le respect de l’obligation de formation continue par les avocats :

o Le conseil de l’ordre peut prononcer l’omission de l’avocat qui n’a pas satisfait à son obligation de formation continue après l’avoir entendu ou appelé par lettre recommandée avec demande d’avis de réception dans un délai laissé à la libre appréciation du conseil de l’Ordre.

o La levée de l’omission est prononcée par le conseil de l’Ordre sur justification de l’accomplissement des heures de formation manquantes. ».

C’est tellement incroyable que nous vous joignons la résolution votée par le CNB, pour que vous puissiez la lire de vos propres yeux : Résolution du CNB du 8 septembre 2017.

Ainsi, l’avocat qui n’aurait pas accompli l’intégralité de ses heures de formation serait forcément un mauvais avocat, qui ne mérite que d’être omis du Tableau.

On a beau nous répéter à l’envi que « l’omission n’est pas une sanction« , le fait est que l’avocat omis ne peut plus exercer. Et s’il a la mauvaise idée, pendant son omission, de répondre à un client qui lui demande un conseil en urgence, il se rend alors coupable du délit pénal d’exercice illégal de la profession d’avocat.

Notre imagination est débordante, pensez-vous ? Au MAC, nous avons eu connaissance d’avocats omis qui ont été poursuivis pénalement et condamné à plusieurs années d’interdiction d’exercer parce qu’ils avaient eu le malheur de donner quelques conseils juridiques à des clients durant leur omission. Et peu importe que l’avocat en cause étaient sur le point de régler ses cotisations pour se réinscrire au Barreau ….    

Le cordonnier L‘avocat mal chaussé.

De fait, cette omission équivaut à une peine disciplinaire d’interdiction temporaire d’exercer.

A la nuance près que, dans la procédure administrative d’omission, l’avocat en cause ne bénéficie pas de toutes les garanties de procès équitable de la procédure disciplinaire : désignation d’un instructeur, convocation par acte d’huissier, assistance d’un avocat à l’audience, ….

C’est ce qui caractérise nos instances professionnelles : elles sont prompts à dénoncer les atteintes aux droits de l’homme et de l’avocat à l’étranger – surtout en Afrique, disons-le – mais elles n’hésitent pas à bafouer les droits élémentaires de leurs Confrères électeurs qu’elles sont censées représenter.

Rendez-vous le 21 novembre !

Le CNB a donc voté l’envoi de ce projet à la concertation des Ordres des avocats. Il reviendra au vote, définitif, du CNB en 2018. Ce sont donc les membres du CNB que vous allez élire qui auront à se prononcer sur ce projet.

Ceux de l’UJA et de l’ACE ne s’y opposeront pas, on le sait, puisqu’ils ont déjà accepté l’envoi à la concertation.   

Ceux du MAC s’y opposeront et exerceront des recours en justice contre cette délibération.

Du moins si vous acceptez de voter pour la liste du MAC (conduite par Guillaume Delarue) au CNB. La décision vous appartiendra, le 21 novembre.

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L’UJA, une amie qui vous veut des biens (saison 2).

Nous vous avions promis une série de billets – digne des séries télévisées les plus addictives – sur le thème des honoraires versés par l’Ordre à certains Confrères.

Nous y sommes ! Vous aviez aimé la saison 1 de « L’UJA, une amie qui vous veut des biens » ? Vous allez adorer la saison 2 !

Aux enchères ordinales, 90 000 euros, qui dit mieux !

Nous savions que, depuis quelques années, le Secrétaire du Conseil de l’Ordre percevait de l’Ordre des honoraires de 60 000 euros HT (soit 72 000 euros TTC) par an.

Le Bâtonnier Pierre-Olivier Sur, en 2014, a nommé à cette fonction Annabel Boccara. Il faut dire qu’elle avait deux qualités essentielles : elle avait fait campagne pour le bâtonnier et, surtout, elle était élue de l’Union des Jeunes Avocats.

Elle avait une troisième qualité essentielle : elle n’avait aucun problème avec l’argent, en tout cas pas avec celui des Confrères. Elle a donc consenti à recevoir de l’Ordre, pour sa fonction de Secrétaire du Conseil, des honoraires de 90 000 euros HT (soit 108 000 euros TTC). Autrement dit, une rémunération augmentée de 50 % par rapport à ses prédécesseurs, pour les mêmes fonctions.

Travailler moins pour gagner plus

Enfin … pas tout à fait pour les mêmes fonctions.

Ses prédécesseurs devaient assumer le secrétariat d’une séance plénière du Conseil de l’Ordre chaque semaine. Or, dès le début de son bâtonnat, le Bâtonnier Sur avait décidé de ne réunir qu’une seule séance plénière tous les quinze jours.

La nouvelle Secrétaire du Conseil avait donc moins d’ordres du jour à préparer, moins de procès-verbaux à rédiger ….

Pour être parfaitement exact, le nouveau Bâtonnier avait aussi mis en place des séances en ‘Conseil restreint’, où étaient expédiées les affaires administratives (création de sociétés d’avocats, omissions du tableau, …), qui demandaient beaucoup moins de travail à la Secrétaire du Conseil.

Questions pour une championne.

Le Secrétaire général du MAC a évidemment interrogé l’intéressée sur ces faits.

Voici sa réponse (purgée des mises en cause personnelles qu’elle a osé adresser au Secrétaire général du MAC) :

« Secrétaire du conseil est un poste qui n’est défini par aucun texte et dont les contours dépendent de chaque bâtonnier en exercice. Ma mission m’occupait un 4/5ème de temps, ce qui explique l’augmentation constatée par rapport à mes prédécesseurs, mission devenue un quasi plein temps en 2ème année de secrétariat. »

Comparaison est raison.

Une mission de Secrétaire du Conseil qui l’occuperait 4/5ème de temps, puis à quasi temps plein ? C’est étonnant pour une fonction qui suppose, normalement et uniquement, de préparer la séance périodique, d’y assister et d’en rédiger le procès-verbal.

A supposer qu’elle fut autant occupée par cette mission, prenons quelques éléments de comparaison.

Un collaborateur, tiens, puisqu’elle prétend les défendre avec l’UJA [NDLR : la bonne blague !]. On connaît beaucoup de collaborateurs de cabinets d’avocats dont la rétrocession d’honoraires est deux fois moins élevée et qui travaillent sûrement deux fois plus ….

Quant aux collaborateurs des grands cabinets d’affaires, ils perçoivent certes des rétrocessions d’honoraires comparables, mais eux ne travaillent pas à 4/5ème. Chez Clifford Chance ou Allen Overy, ils sont plutôt aux 5/4ème, à travailler 10 à 15 heures par jour, parfois jusqu’au burn out ….

Dessin Allen 2

Un jour comme un autre chez Allen Overy …

Prenons un avocat missionné par l’Ordre pour arbitrer des contestations d’honoraires. Ceux-là travaillent autant qu’un Secrétaire du Conseil : ils étudient quatre à huit dossiers avant chaque audience, ils siègent à l’audience une demi-journée (soit au moins quatre heures), puis ils rédigent les décisions d’arbitrage d’honoraires dans les dossiers plaidés. Sauf que ces Confrères ne sont payés par l’Ordre que … 400 euros HT pour toutes ces missions !

Une jeune première redoublante.

Alors que les Secrétaires du Conseil occupent habituellement ce poste une seule année, la Secrétaire Boccara a tellement souffert de son « 4/5ème« , en 2014, qu’elle a de nouveau accepté ce poste, en 2015, pour un « quasi temps plein« .

Elle aura donc perçu, au total, un cachet de 180 000 euros HT (soit 216 000 euros TTC), c’est-à-dire la même somme … que le Vice-Bâtonnier pour la même période !

Ah … cachetonner, à l’UJA, c’est un art, une science ! On vous en dira davantage dans un prochain épisode.

Tout cela n’est évidemment dû qu’à son mérite. Evidemment, puisqu’elle a reçu du Bâtonnier la médaille de Chevalier de l’Ordre national du Mérite ! On vous racontera aussi, dans une autre saison, comment l’Ordre décore ses dévoués serviteurs de l’UJA pour services rendus au Bâtonnier à la Nation.  

Ad hominem … diabolicum ?

Nommer Annabel Boccara, c’est pas beau ?

Ne pas nommer la personne en cause, c’est accuser, par amalgame, toute la collectivité à laquelle elle appartient. C’est accuser tous les avocats missionnés par l’Ordre, alors que beaucoup d’entre eux exercent des missions réelles, sont bénévoles ou sont peu rémunérés ou rémunérés justement.

Nommer, c’est faire assumer à chacun ses responsabilités.

Au MAC, on nomme et on assume. Et on le fait bénévolement.

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Comptes de l’Ordre : le MAC gagne son procès contre l’Ordre devant la Cour de cassation.

Si la communication du MAC se fait rare, c’est parce qu’elle est précieuse. A l’ordinaire et à la vulgarité du quotidien, nous préférons l’éclat des grands moments.

Et ce grand moment, c’est une décision de justice qui marquera l’histoire du Barreau de Paris.

A l’heure où les comptes de l’Ordre de Paris défraient la chronique dans la grande presse, la Cour de cassation vient d’offrir au MAC une victoire historique contre l’Ordre des Avocats de Paris, après une demi-décennie de combat judiciaire.

La plus haute juridiction, par un arrêt du 4 octobre 2017, vient de confirmer l’annulation de l’approbation des comptes de l’Ordre pour l’année 2012, en raison de leur manque de transparence sur les millions d’euros d’honoraires versés à quelques dizaines de Confrères (lire ici l’arrêt de la Cour de Cassation du 4 octobre 2017).

On doute que l’Ordre donne cette décision à commenter aux étudiants à l’examen du Barreau ….

Nous allons donc en disserter ici, dans cet espace de liberté qu’est le site du MAC.

Mémoires d’un vieux militant.

Souvenez-vous, c’était en 2013.

Le Président du MAC de l’époque (aujourd’hui Secrétaire général du syndicat), siégeait au Conseil de l’Ordre de Paris.

Lors de l’examen des comptes financiers de 2012, il remarquait une ligne qui mentionnait, tout bonnement, un montant de plus de cinq millions d’euros versés à quelques dizaines d’avocats dits missionnés. Il demandait alors au Conseil de l’Ordre de bien vouloir lui fournir, avant le vote, la liste de ces Confrères, les montants perçus par chacun et les missions confiées. 

Le Conseil de l’Ordre le lui refusait sèchement, tirant prétexte du respect de la vie privée des Confrères concernés. Osons rappeler qu’il s’agissait d’argent public, puisque ces honoraires étaient financés par nos cotisations ordinales.

Le Conseil de l’Ordre, dont ses élus de l’Union des Jeunes Avocats, vota l’approbation des comptes à une très large majorité.

La méthode MAC.  

Que fit le Secrétaire général du MAC ? Trois choses.

1) Et d’une, un billet vengeur publié sur le site du MAC et sur les réseaux sociaux, puis diffusé par courriel à l’ensemble des avocats parisiens : « Comptes financiers 2012 : la confraternité coule à flots à l’Ordre des Avocats de Paris« .

Le brûlot fit son buzz et quelques gazettes relayèrent ces révélations, dont le Canard enchainé.

2) Et de deux, un recours devant la Cour d’appel de Paris (avec deux autres membres du Conseil de l’Ordre).

La Première Chambre, composée des plus hauts magistrats, annula l’approbation des comptes (arrêt du 11 février 2016).

A nouveau, le MAC lança l’alerte et la grande presse – toujours le Canard enchainé – s’en fit l’écho.

3) Et de trois, une défense contre le pourvoi en cassation formé par le Conseil de l’Ordre, en 2016.

Oui, chers Confrères, vous avez bien lu : les Membres du Conseil de l’Ordre, ceux que nous avions élus pour nous représenter, ont voté, à la majorité, pour faire un recours contre l’arrêt de la Cour d’appel.

Pour dire les choses plus clairement, ils se sont opposé à la transparence, ils ont choisi l’opacité, ils ont refusé que vous sachiez pourquoi et comment vos cotisations ont été versées, par millions, à des Confrères dont l’Ordre refusait de révéler les noms et les missions.

Un pourvoi formé en vain … mais par un Avocat à la Cour de cassation payé par l’Ordre avec nos cotisations !

Nous tenons ici à remercier la SCP Boulloche, nos habituels Avocats aux Conseils, qui a contesté avec succès ce pourvoi [NDLR : et que le Secrétaire général du MAC a honoré avec ses deniers personnels].  

Le MAC fournit aussi le service après-vente.

Et maintenant, que va faire le MAC ? Toujours trois choses.

1) D’abord, le MAC va médiatiser la décision de la Cour de cassation, comme on a déjà commencé à le faire (Dalloz Actualités, 6 octobre 2017). Et ça va continuer ! 

 2) Ensuite, le MAC va proposer à l’Ordre, sous peine de nouveaux recours, les réformes que nous avons déjà relayées dans la presse (« Scandale au barreau de Paris – Avi Bitton : je me tiens à la disposition de la justice«  , Le Point, 25 septembre 2017) :

–          la désignation d’un avocat pour une mission rémunérée, par l’Ordre ou par toute organisation associée (école du barreau, fondations, associations, …) doit faire l’objet, à partir d’un certain montant, d’un appel à candidatures ;  

–          le Conseil de l’Ordre doit voter chaque désignation à un poste rémunéré et valider le montant de la rémunération ; le vote nominatif de chaque membre du Conseil de l’Ordre doit être publié dans le Bulletin du Barreau ;

–          la liste des avocats rémunérés, les montants de leurs rémunérations et le détail de leurs missions doivent être communiqués au Conseil de l’Ordre et publiés sur le site du Barreau librement consultable par tous les avocats, ainsi que dans un numéro spécial du Bulletin du Barreau. 

3) Enfin, le MAC va enquêter de manière plus approfondie sur les questions suivantes :

– Quels sont les Confrères qui ont touché des rémunérations douteuses (car toutes ne le sont évidemment pas), non seulement en 2012 mais aussi en 2013, 2014 et 2015 ? On connait quelques membres de l’UJA qui vont bientôt recevoir une liste écrite de questions très précises ….

– Quels sont les Membres du Conseil de l’Ordre qui ont voté en faveur du pourvoi en cassation contre l’arrêt de la Cour d’appel qui censurait les comptes de l’Ordre ? Eh oui, désolé, mais quand on est élu, on doit rendre compte de son mandat à ses électeurs …. Il va falloir s’expliquer !

Le MAC vous promet une série de billets à venir encore plus trépidante que la plus haletante des séries télévisées ! On va mordre profond, très profond !

La sanction des urnes.

En attendant, si vous voulez nous aider à poursuivre nos combats, votez et faites voter pour nos candidats aux élections des 21 et 22 novembre prochains :

– au Conseil National des Barreaux : la liste Manifeste des Avocats Collaborateurs, conduite par Guillaume Delarue, Vice-Président du MAC

Guillaume Delarue

– au Conseil de l’Ordre : Houria Si Ali, présidente du MAC, et Frédéric Chhum, membre du MAC

Photo Houria Si Ali Photo Frédéric Chhum

 

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Ordonnances travail : non (par Etienne Tarride)

Au moment où le gouvernement pense que la réduction des droits des salariés va augmenter la croissance et créer des emplois, un ancien, très ancien avocat, notre Confrère Etienne Tarride, croit encore au vieux principe de la réparation intégrale des préjudices et s’oppose à la réforme du Code du travail.

Le MAC lui donne volontiers la parole et vous donne rendez-vous le mardi 12 septembre, à 14 heures, place de la Bastille, pour manifester contre cette réforme.

***

L’analyse des ordonnances travail conduit à une conclusion négative.

Certes, le Gouvernement a reculé sur un point important, l’inversion de la hiérarchie des normes, à savoir qu’il a renoncé à ce que l’essentiel du dialogue social se déroule au sein de l’entreprise, c’est à dire là où le patronat a toutes les armes pour faire céder les salariés, mais il reste que ces textes brisent le Droit du Travail sur trois points capitaux.

1 ) Un salarié ayant dix ans de présence dans une entreprise ne pourra obtenir, s’il est licencié abusivement et que son salaire était de 3.000 Euros brut, que 33.000 Euros de dédommagement (3.000 x 11) .

Peu importe qu’il ait une famille à nourrir, des parents à aider, des enfants handicapés …. C’est inacceptable. Quand on sait de surcroit à quel point il est difficile de retrouver du travail, à la campagne dans une petite ville ou une ville moyenne quand on a été licencié pour une faut, fut-elle imaginaire, on comprendra quelle situation devient la sienne.

Pour mémoire, si ce salarié à cinq ans d’ancienneté, il ne pourra percevoir que 18.000 Euros (3.000 x 6). Je vous rappelle qu’il s’agit là du cas où la faute reprochée n’existe pas.

2 ) En élargissant le « Contrat de chantier », le Gouvernement crée une situation de précarité permanente pour les salariés. Il s’agit d’un contrat plus précaire encore que les contrats à durée déterminée, puisque aucune indemnité n’est due à son terme. Les satisfactions bruyantes du patronat sur ce point montrent que ce mode d’emploi va se multiplier dans les mois qui viennent. Que chacun d’entre vous réfléchisse à la possibilité de trouver un quelconque crédit lorsqu’on ne peut présenter qu’un contrat de mission et il comprendra le problème.

3 ) Du fait d’accords d’entreprise ou de branche, il sera possible d’imposer à un salarié de perdre certains avantages prévus par son contrat de travail ou de donner sa démission sans indemnité.

D’autres critiques importantes peuvent être faites, j’ai voulu ne présenter que ce que je crois essentiel.

Même si la présentation est habile, nous constatons que, par ces ordonnances, le Gouvernement et une partie du patronat on glissé le pied dans la porte. La protection sociale partira en lambeaux à partir du moment où ces ordonnances auront été ratifiées.

Etienne Tarride

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Le MAC appelle à manifester contre les ordonnances réformant le Code du travail

Ensemble, brisons les plafonds ! 

Le Manifeste des Avocats Collaborateurs (MAC) appelle les avocats, et plus généralement tous les citoyens, à se joindre aux manifestations qui seront organisées contre les ordonnances réformant le Code du travail.

Les précédentes lois travail avaient déjà porté gravement atteinte aux droits des salariés (Loi Macron du 6 août 2015, Loi Rebsamen du 17 août 2015, après la Loi El Khomri du 8 août 2016).

Le MAC a participé à la concertation sur la réforme envisagée avec le Ministère du travail.

Pourtant, les ces ordonnances marquent une nouvelle étape : la précarisation généralisée de tous les salariés, qui risqueront désormais d’être licenciés à moindre coût, sans qu’il ne soit tenu compte de leurs statuts ou leurs anciennetés.

Ces ordonnances encourageront les licenciements sans cause réelle ni sérieuse, puisque les indemnités de licenciement seront désormais limitées, avec des plafonds particulièrement bas. Face à un risque financier amoindri et encadré, les entreprises n’auront plus intérêt à négocier des ruptures conventionnelles.

Les juges se verront ainsi empêchés de tenir compte de la situation familiale du salarié, de son état de santé dégradé, de sa situation financière difficile, ….

Les salariés ne seront plus respectés dans leurs droits et dans leur dignité, et ils devront être encore plus subordonnés, car ils seront congédiables au rabais.

En définitive, limiter les indemnités de licenciement des salariés, c’est inciter les employeurs à ne plus respecter le Code du travail.

Le MAC dénonce cette volonté de détruire les acquis sociaux des salariés, qui portera nécessairement atteinte à la paix sociale dans les entreprises.

En conséquence, le MAC est déterminé à mener des actions contre ce projet de réforme.

Nous appelons dans l’immédiat à manifester le mardi 12 septembre, et à participer à tous les mouvements sociaux qui suivront.

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Le Bâtonnier de Paris vous poursuit ? Le MAC court plus vite que lui !

Le MAC aime le sport.

Et pour ce qui concerne la course-poursuite avec l’Ordre de Paris et ses Bâtonniers, elle est en train de se transformer en un véritable marathon judiciaire.

Par un arrêt du 27 avril 2017, la Cour d’appel de Paris vient d’annuler, à la requête du Président du MAC, une délibération du Conseil de l’Ordre du 5 janvier 2016 qui désignait les membres de l’autorité de poursuite disciplinaire (Cour d’appel de Paris, 27 avril 2017).  

Installez-vous confortablement, prenez les paris et laissez-nous vous décrire par le menu détail ce nouvel exploit sportif de notre syndicat.

Le Conseil de discipline : un tribunal partial et dépendant.

Imaginez-vous un instant un tribunal correctionnel au sein duquel, chaque année, le Président désignerait le Procureur et le Juge d’instruction, qui lui-même désignerait aussi le Président et le Procureur ?

Non, bien entendu, cela heurte un principe fondamental du droit au procès équitable : la séparation des fonctions de poursuite, d’instruction et de jugement – « qui poursuit ou instruit ne peut juger, et qui instruit ou juge ne peut poursuivre« .

La Cour de cassation a d’ailleurs appliqué ce principe de séparation à la procédure disciplinaire des avocats (Civ. 1ère, 23 mai 2000, n. 97-19169, Bull. 2000, I, n. 151, p. 99).

Ces fins juristes qui nous gouvernent.

Et pourtant, chaque année, les Membres du Conseil de l’Ordre de Paris votent la composition des formations disciplinaires dans les conditions suivantes :

– les Membres du Conseil qui siègeront dans les formations de jugement disciplinaires désignent les membres de la formation de l’instruction et les délégués du Bâtonnier à l’Autorité de poursuite ;

– les Membres du Conseil qui feront partie la formation de l’instruction désignent les membres des formations de jugement et les délégués à l’Autorité de poursuite.

Dites, chers Bâtonniers et Membres du Conseil, il n’y a pas là une forme de consanguinité ?

On a de la peine pour le pauvre Confrère qui, poursuivi disciplinairement, se retrouve devant un Conseil de discipline où son Procureur a été désigné par l’Instructeur et le Président, où le Président lui-même a été désigné par l’Instructeur, qui a lui-même été désigné par ce Président …. Disons qu’il ne combat pas à armes égales !

La transparence opaque du Bâtonnier.

La retransmission en vidéo des séances du Conseil de l’Ordre a été un des combats avant-gardistes du MAC (lire notre motion « Pour un Ordre des Avocats plus démocratique et transparent« ).

L’Union des Jeunes Avocats (UJA) ne l’a jamais réclamée, elle qui préfère tant l’opacité à la transparence.

Le Bâtonnier Frédéric Sicard avait bien pris l’engagement de faire retransmettre les séances du Conseil en vidéo. Il avait juste oublié de préciser qu’il ferait disparaître au montage les passages qui heurteraient son âme si sensible.

C’est ainsi que, dans la séance du 29 mars 2016, il a tout bonnement coupé le passage où le Conseil de l’Ordre a examiné le recours du Président du MAC contre la délibération sur les formations disciplinaires ….

Encore un Bâtonnier qui aura été très transparent … diaphane pour être tout à fait exact ! 

Le verdict de la Cour : infirmation partielle.

Le Président du MAC a donc formé un recours devant la Cour d’appel de Paris, et plaidé l’affaire devant la Première Chambre, qui est compétente pour juger des affaires ordinales (recours contre des délibérations du Conseil de l’Ordre, contre des décisions de la Juridiction du Bâtonnier, contre des sentences du Conseil de discipline, …).

La Cour a jugé :

– que la délibération du Conseil de l’Ordre devait être annulée en ce que le Conseil de l’Ordre a désigné les délégués du Bâtonnier à l’autorité de poursuite, car cette désignation violait le principe de séparation de l’autorité de poursuite et de la formation de jugement ;

– que la délibération était régulière en ce qu’elle désignait les membres des formations de jugement et d’instruction.     

En suite de cet arrêt, le Bâtonnier Sicard a fait voter une modification du Règlement intérieur du Barreau, afin de prévoir que le Bâtonnier désignera seul désormais ses délégués à l’Autorité de poursuite [NDLR : merci qui ?].

Un pourvoi pour voir ?

Le MAC se réjouit partiellement de cette annulation partielle.

Certes, les Procureurs ne pourront plus être désignés par les Instructeurs et les Présidents.

Toutefois, le MAC considère que les Instructeurs et les Présidents ne devraient pas non plus s’entre-désigner, en vertu de ce même principe de séparation des fonctions d’instruction et de jugement.

Le Président du MAC a donc formé un pourvoi, afin que la Cour de cassation statue sur cette question fondamentale pour le droit au procès équitable des avocats.    

Les Bâtonniers, ces hochets du MAC.

Ah, Monsieur le Bâtonnier, si seulement vous aviez eu la sagesse d’écouter le MAC : non seulement la délibération n’aurait pas été annulée, mais la régularité des procédures disciplinaires que vous avez ouvertes en 2016 ne serait pas remise en cause.

Car c’est bien la question qui se pose à présent : les procédures disciplinaires, qui ont été ouvertes par les délégués du Bâtonnier et dans lesquelles ces délégués ont requis des peines disciplinaires, sont-elles régulières, alors même que la désignation de ces délégués était nulle ab initio ?

On vous laisse y réfléchir pendant vos vacances, Monsieur le Bâtonnier, mais on a notre petite idée au MAC …. On a d’ailleurs introduit un autre recours contre la désignation des formations disciplinaires pour l’année 2017, qui s’est faite dans les même conditions irrégulières qu’en 2016 ….  

Enfin, on s’amuse bien quand même, et heureusement que nos chers Bâtonniers de Paris sont là pour distraire le MAC !

MAC Disciplinaire - dessin bocal

Saurez-vous reconnaître l’UJA, le Bâtonnier Jean Castelain, le Bâtonnier Frédéric Sicard et la Bâtonnière Christiane Féral-Schuhl ?

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Un budget digne pour une justice digne.

Dans un entretien au Parisien, dans son édition publiée le 11 juillet, le Ministre de l’action et des comptes publics a annoncé une coupe de 160 millions d’euros d’économies pour le service public de la justice, qui concerneront principalement les programmes immobiliers.

Un budget digne pour une justice digne.

Le Manifeste des Avocats Collaborateurs déplore cette annonce, qui ne va certainement pas contribuer au renforcement du service public de la Justice et à son amélioration au bénéfice du justiciable.

Depuis trop longtemps déjà, les magistrats et les greffes travaillent dans des conditions qui se dégradent. Cette situation aboutit parfois à un partage des greffes entre plusieurs chambres, à des reports de délibérés ou encore à des économies de fournitures courantes, ralentissant encore plus le fonctionnement de la Justice.

Ce n’est pas en s’interdisant toute hausse budgétaire et en économisant sur l’immobilier de la Justice que cette dernière sera plus fonctionnelle.

Dans son tableau de bord 2016 de la justice dans l’Union européenne publié en avril 2016, la Commission européenne a relève que le service public de la Justice en France arrive :

  • quatorzième sur vingt-neuf pays membres en total de dépense des administrations publiques consacrées aux juridictions en euros par habitant ;
  • vingt-quatrième sur vingt-neuf pays membres en dépenses des administrations publiques consacrées aux juridictions en pourcentage du produit intérieur brut ;
  • vingt-quatrième sur vingt-neuf pays membres en nombre de juges pour 100 000 habitants.

En tant qu’auxiliaires de justice, constatant dans leur exercice quotidien ce manque patent de moyens, les avocats ne peuvent qu’exiger un engagement financier de l’Etat aboutissant à une nette amélioration du fonctionnement de la Justice.

Le Manifeste des Avocats Collaborateurs demande solennellement au Premier Ministre et au Ministre de la Justice de doter la Justice de moyens d’exercer dignement sa fonction et appelle le Conseil national des Barreaux, la Conférence des Bâtonniers et les Ordres des Avocats à user de toute leur influence, en s’associant aux autres professions judiciaires, afin que le budget alloué à la Justice soit augmenté pour tendre vers une justice moderne.

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Le MAC appelle à voter pour Macron et contre Le Pen

Chers Confrères,

Vous le savez, notre syndicat s’est opposé avec force au projet de loi Macron sur la profession d’avocat : participation aux manifestations, protestation dans les médias écrits et télévisés, vote d’opposition au Conseil de l’Ordre et au CNB, lettre ouverte au Bâtonnier de Paris, campagnes sur les réseaux sociaux, publication d’articles ….  

Notre syndicat est apolitique. Nous ne sommes pas de ces autres syndicats qui ont soutenu les réformes Macron, qui ont invité des représentants du Front National à la tribune de leur conférence sur les élections présidentielles, et qui viennent aujourd’hui hurler qu’il faut absolument voter pour Macron et contre Le Pen ….

Notre syndicat est bien libre et indépendant, et nous sommes avant tout attachés à notre France et à notre grande démocratie.

C’est pourquoi nous appelons les Confrères qui nous ont élus et qui nous font confiance à voter et faire voter aux élections présidentielles pour Emmanuel Macron et contre Marine Le Pen.

Nous ne doutons pas du fait qu’Emmanuel Macron tentera à nouveau, s’il est élu, de réformer la profession d’avocat. Vous pouvez nous faire confiance pour nous opposer à ses projets, s’ils ne sont pas dans l’intérêt de notre profession.

Bien confraternellement à vous,

Avi Bitton et Houria Si Ali, Présidents du Manifeste des Avocats Collaborateurs (MAC)

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Personnel : Lettre à toi, Carbon de Seze, mon frère.

Le Président du MAC a décidé d’écrire à notre cher candidat au bâtonnat, Carbon de Seze ….

Mon Carbon,

Je suis très inquiet. Depuis que tu as quitté notre foyer ordinal, je ne te reconnais plus.

Quand tu étais à la table du Conseil, tu avais toujours un bon mot, ici pour le Bâtonnier Castelain, là pour la Bâtonnière Féral-Schuhl. Tu te régalais à nos côtés dans les banquets ordinaux.

Tu es en souffrance, je le sais, car tu as toujours voulu prendre la place de notre père Bâtonnier.

Il faut dire que notre mère Bâtonnière Christiane a bien stimulé ton Oedipe. Tu étais son fils préféré ! Tu te souviens quand elle t’a commis d’office pour défendre le terroriste Carlos ? Tu n’étais plus Secrétaire de la Conférence du Stage, tu étais Membre du Conseil de l’Ordre en exercice, mais pourtant elle voulait la gloire de son fils et elle ne craignait pas de t’accorder ses privilèges …. Et toi, tu t’es dévoué pour être en haut de l’affiche pendant les semaines de ce grand procès. Ça a dû être dur d’avoir tous ces projecteurs braqués, tous ces micros tendus ….

Tu étais un fils tellement fidèle, tellement reconnaissant, tellement exemplaire pour notre famille ordinale.

Je peux en témoigner personnellement : pendant nos trois années de mandat au Conseil de l’Ordre, jamais je ne t’ai vu contester notre projet de déménagement de la Maison de l’Ordre des Avocats (MODA), toi qui siégeait au Conseil l’année où le projet a été voté. Jamais je ne t’ai vu contester les comptes de l’Ordre, ou encore introduire un quelconque recours contre une délibération. Tu étais si bien en famille, tu avais l’esprit de famille.

Mais depuis que tu es parti en campagne, tu n’es plus le même : tu craches sur la maison ordinale, tu fustiges nos pères bâtonniers, tu contestes la gestion de nos deniers. Tu veux même nous empêcher de déménager la MODA, toi qui étais si enthousiaste ! On croirait presque un de ces sauvageons du MAC.

Je suis très inquiet, car tu as entraîné dans ta fugue tes cousins Pierre et Louis, et même la petite Valérie (1). Comment ont-ils pu se laisser entraîner dans ta folle aventure, eux qui étaient si sages, si polis au Conseil de l’Ordre. Valérie et Louis, qui ont tous les deux voté au Conseil de l’Ordre pour le projet de la MODA (2) ! Pierre et Louis, qui n’ont jamais osé critiquer la bonne gestion de notre père Bâtonnier !

Carbon, mon petit Carbon, pourquoi tu fais des choses comme ça ?

Je suis inquiet et, en même temps, je me dis que ça va te passer, que dans quelques jours, à la fin de ta campagne, tu redeviendras ce que tu as toujours été, Carbon : un bon garçon, un enfant modèle.

Mais je reste inquiet tout de même : et si tu ne revenais pas ? Si tu partais pour toujours ? Que ferons-nous sans toi ? Toi, l’élu de tes frères de l’Union des Jeunes Avocats, toi qui soutenais sans cesse notre père Bâtonnier, même dans ses lubies les plus dispendieuses.

Mais, finalement, je ne me fais pas de mauvais sang : je sais que tu as été tellement serviable, tellement dévoué à notre famille ordinale, qu’on gardera toujours un couvert pour toi, qu’on t’accueillera toujours à notre table. On ne te laissera pas dans le besoin. Ta famille ordinale te trouvera toujours quelques missions à l’Ordre. Tu le sais, tu peux ‘compter’ sur nous.

Carbon, Carbon …. Allez, plus que quelques jours et tu redeviendras le Carbon qu’on a toujours connu, j’en suis certain.

Je t’embrasse affectueusement.

Ton Avi (3), qui t’aime comme tu es.

(1) Pierre Servan-Schreiber, Louis Degos et Valérie Duez-Ruff étaient Membres du Conseil de l’Ordre et sont membres de l’équipe de campagne de Carbon de Seze.

(2) Pour Louis Degos, procès-verbal de la séance du Conseil de l’Ordre du 16 juillet 2013. Pour Valérie Duez-Ruff, procès-verbal de la séance du Conseil de l’Ordre du 15 décembre 2015.

(3) J’ai évidemment voté contre le projet de MODA, à deux reprises (procès-verbaux des séances du Conseil de l’Ordre des 16 juillet 2013 et 15 décembre 2015) ….

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Cas pratique de droit administratif offert par l’Ordre de Paris.

La Commission droit public du MAC a décidé de se pencher sur l’usage que l’Ordre de Paris faisait de nos cotisations. Appréciez ….

***

L’expression populaire veut que les cordonniers soient toujours les plus mal chaussés. L’Ordre du barreau de Paris vient de se le faire rappeler à ses dépens.

Depuis 2011, et à juste titre, l’Ordre des avocats de Paris s’intéresse à la sincérité des offres remises lors de la mise en concurrence d’un marché public passé par des collectivités, y compris celles situées hors du ressort de la Cour d’appel de Paris.

Cette démarche, salutaire pour la profession d’avocat, se fondait, légitimement, sur la défense du périmètre du droit.

« Enfin !« , pouvait-on penser, l’Ordre agit au-delà des beaux discours pour défendre notre profession. Si d’autres professions, notamment du chiffre, étaient encore tranquilles, une première démarche était engagée.

Cependant, si le volontarisme affiché de nos représentants mérite tous nos applaudissements, l’Ordre a agi curieusement, s’estimant fondé à contester directement les marchés publics à la place des avocats ayant remis une offre lorsque ces marchés semblaient être contraires à certains de ses principes.

Ainsi, informé par des avocats candidats, dont l’anonymat est garanti, l’Ordre des avocats se substitue à eux en saisissant directement le juge administratif.

L’Ordre a donc saisi le juge administratif contre des marchés, attribués à des bureaux d’étude, dotés de juristes, au motif qu’ils ne disposeraient pas de l’agrément nécessaire pour la pratique du droit à titre accessoire.

Contradictoire, m’opposerez-vous, avec le lobbying actif et récurrent de l’Ordre pour que les juristes deviennent des avocats.

C’est exact. Mais, le juriste d’un bureau d’étude ou d’une collectivité ne partage pas le même monde que les juristes du CAC 40. Pour lui, point d’inscription à un barreau, direction le Tribunal !

Tout devait bien se dérouler, l’Ordre parisien s’apprêtant à s’ériger en défenseur de toute une profession.

Mais le parisianisme de l’Ordre n’allait pas suffire …. Le juge administratif n’en a que faire d’avoir l’Ordre des avocats parisiens en face de lui et, loin d’être intimidé par ses robes alourdies de médailles, il juge de manière indépendante et, surtout, en se fondant sur des règles juridiques.

Ainsi, le 13 février 2014, premier échec : le Tribunal administratif d’Orléans le déclare irrecevable car il ne démontre pas un intérêt à agir suffisamment direct et certain contre un marché public passé par la commune de Vierzon.

Il ne s’agit finalement que d’une application des principes dégagés par la jurisprudence syndicat des patrons coiffeurs de Limoges, daté du 28 décembre 1906 qui fête d’ailleurs cette année ses 110 ans !

Cette jurisprudence indique que, si un organisme professionnel peut prendre, en son nom propre, la défense des intérêts dont il est chargé, il ne peut pas intervenir au nom d’intérêts particuliers, sans y être autorisés par un mandat.

Ainsi, l’Ordre des avocats de Paris ne peut contester que des décisions portant sur les principes généraux de la profession ou alors intervenir au soutien d’un avocat lésé, avec son autorisation.

L’Ordre ne peut, en aucun cas, se substituer à des avocats parisiens, ayant candidaté à un marché public et qui préfèrent conserver l’anonymat.

Cependant, l’Ordre ne se démonte pas et, après avoir changé d’avocat, prend un ancien membre éminent de son Conseil et va, plein d’espoir, devant la Cour administrative d’appel de Nantes.

Mais, le 31 mai 2016, la Cour confirme le jugement, relevant qu’un Conseil de l’Ordre a pour mission de traiter toute question intéressant la profession et la défense des droits des avocats inscrits à son seul barreau et ne peut donc contester un marché public étranger à son ressort.

Il ne s’agit que de la mise en œuvre de l’article 17 de la loi du 31 décembre 1971 modifiée portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques.

Le Conseil de l’Ordre aurait pu solliciter une consultation – gratuite – aux élèves-avocats publicistes de l’EFB avant d’agir sans réfléchir !

Mais notre cher bâtonnier, accompagné d’un seul homme par son Conseil, ne s’est pas arrêté là.

Attaquer des communes, c’est bien mais attaquer des confrères, c’est plus drôle !

Ainsi, le 20 septembre 2016, le Tribunal administratif de Lille devait se prononcer sur un recours de l’Ordre parisien, contestant un marché attribué à un confrère lillois qui aurait, selon lui, proposé des prix estimés trop faible.

L’Ordre parisien a regardé les honoraires facturés par les gros cabinets d’affaires dont les membres sont (sur)présentés en son Conseil, pour considérer que notre avocat lillois avait proposé un prix inférieur aux tarifs habituels de la profession qui ne lui assurerait pas la viabilité de son cabinet.

Pour le dire plus clairement, l’Ordre considérait que l’avocat attributaire avait proposé des prix prédateurs pour remporter le marché, causant, toujours selon lui, une distorsion de concurrence.

Hélas ! Encore loupé ! Le juge des Flandres a considéré qu’un éventuel caractère anormalement bas d’une offre ne saurait léser l’Ordre des avocats de Paris mais seulement l’avocat ayant candidaté, celui-là même qui est resté anonyme pour ne pas débourser un centime.

Le juge se paye le luxe – et on le comprend ! – de rappeler à l’Ordre qu’un bas prix ne remet pas en cause les modalités d’exercice de la profession d’avocat, permettant de conférer à l’Ordre des avocats de Paris un intérêt à agir.

En outre, l’Ordre peut-il certifier qu’aucun avocat parisien n’a jamais candidaté, ou ne candidate encore aujourd’hui, à des marchés publics en proposant des bas prix ? Rien n’est moins sûr ….

Au-delà de l’aberration d’une telle pratique, elle fait surtout peser une menace sur les avocats publicistes, inscrits au barreau de Paris.

Cette manœuvre menace les avocats qui candidatent à des marchés publics car les pouvoirs adjudicateurs ont dorénavant le risque (certes devenu minime) de se voir attaquer leur marché, qui ne respecterait pas les exigences du barreau de Paris.

Cette logique contentieuse menace également la crédibilité du message porté par l’Ordre, qui s’impose discrétionnairement sur le territoire des autres barreaux en attaquant des communes hors de son propre ressort, méconnaissant le principe de confraternité et le rôle du Conseil national des barreaux.

Enfin, toi, avocat parisien, tu n’en n’as pas marre de payer, par tes cotisations, les recours de confrères anonymes, évincés de marchés publics mais sans doute proches de l’Ordre, qui font peser sur le budget de l’Ordre, leurs frais de procédure ?

On comprend, dès lors, que le bâtonnier de Paris s’obstine à ne pas vouloir exécuter l’arrêt de la Cour d’appel de Paris, du 11 février 2016, censurant les comptes de l’Ordre au motif qu’en 2012, plus de 5 000 000 d’euros ont été distribués en honoraires sans la moindre justification.

Allez, une graine d’espoir : nous votons bientôt pour un nouveau bâtonnier.

Pour éviter de nouvelles déceptions, ne jugeons plus les candidats sur des promesses trop vite oubliées – la démocratie et la transparence ne sont, pour la plupart d’entre eux, qu’une épuisette à voix.

Jugeons-les d’abord sur leurs actes au moment où ils ont eu des responsabilités.

La Commission droit public, pour le MAC.