L’UJA, une amie qui vous veut des biens (saison 2).

Nous vous avions promis une série de billets – digne des séries télévisées les plus addictives – sur le thème des honoraires versés par l’Ordre à certains Confrères.

Nous y sommes ! Vous aviez aimé la saison 1 de « L’UJA, une amie qui vous veut des biens » ? Vous allez adorer la saison 2 !

Aux enchères ordinales, 90 000 euros, qui dit mieux !

Nous savions que, depuis quelques années, le Secrétaire du Conseil de l’Ordre percevait de l’Ordre des honoraires de 60 000 euros HT (soit 72 000 euros TTC) par an.

Le Bâtonnier Pierre-Olivier Sur, en 2014, a nommé à cette fonction Annabel Boccara. Il faut dire qu’elle avait deux qualités essentielles : elle avait fait campagne pour le bâtonnier et, surtout, elle était élue de l’Union des Jeunes Avocats.

Elle avait une troisième qualité essentielle : elle n’avait aucun problème avec l’argent, en tout cas pas avec celui des Confrères. Elle a donc consenti à recevoir de l’Ordre, pour sa fonction de Secrétaire du Conseil, des honoraires de 90 000 euros HT (soit 108 000 euros TTC). Autrement dit, une rémunération augmentée de 50 % par rapport à ses prédécesseurs, pour les mêmes fonctions.

Travailler moins pour gagner plus

Enfin … pas tout à fait pour les mêmes fonctions.

Ses prédécesseurs devaient assumer le secrétariat d’une séance plénière du Conseil de l’Ordre chaque semaine. Or, dès le début de son bâtonnat, le Bâtonnier Sur avait décidé de ne réunir qu’une seule séance plénière tous les quinze jours.

La nouvelle Secrétaire du Conseil avait donc moins d’ordres du jour à préparer, moins de procès-verbaux à rédiger ….

Pour être parfaitement exact, le nouveau Bâtonnier avait aussi mis en place des séances en ‘Conseil restreint’, où étaient expédiées les affaires administratives (création de sociétés d’avocats, omissions du tableau, …), qui demandaient beaucoup moins de travail à la Secrétaire du Conseil.

Questions pour une championne.

Le Secrétaire général du MAC a évidemment interrogé l’intéressée sur ces faits.

Voici sa réponse (purgée des mises en cause personnelles qu’elle a osé adresser au Secrétaire général du MAC) :

« Secrétaire du conseil est un poste qui n’est défini par aucun texte et dont les contours dépendent de chaque bâtonnier en exercice. Ma mission m’occupait un 4/5ème de temps, ce qui explique l’augmentation constatée par rapport à mes prédécesseurs, mission devenue un quasi plein temps en 2ème année de secrétariat. »

Comparaison est raison.

Une mission de Secrétaire du Conseil qui l’occuperait 4/5ème de temps, puis à quasi temps plein ? C’est étonnant pour une fonction qui suppose, normalement et uniquement, de préparer la séance périodique, d’y assister et d’en rédiger le procès-verbal.

A supposer qu’elle fut autant occupée par cette mission, prenons quelques éléments de comparaison.

Un collaborateur, tiens, puisqu’elle prétend les défendre avec l’UJA [NDLR : la bonne blague !]. On connaît beaucoup de collaborateurs de cabinets d’avocats dont la rétrocession d’honoraires est deux fois moins élevée et qui travaillent sûrement deux fois plus ….

Quant aux collaborateurs des grands cabinets d’affaires, ils perçoivent certes des rétrocessions d’honoraires comparables, mais eux ne travaillent pas à 4/5ème. Chez Clifford Chance ou Allen Overy, ils sont plutôt aux 5/4ème, à travailler 10 à 15 heures par jour, parfois jusqu’au burn out ….

Dessin Allen 2

Un jour comme un autre chez Allen Overy …

Prenons un avocat missionné par l’Ordre pour arbitrer des contestations d’honoraires. Ceux-là travaillent autant qu’un Secrétaire du Conseil : ils étudient quatre à huit dossiers avant chaque audience, ils siègent à l’audience une demi-journée (soit au moins quatre heures), puis ils rédigent les décisions d’arbitrage d’honoraires dans les dossiers plaidés. Sauf que ces Confrères ne sont payés par l’Ordre que … 400 euros HT pour toutes ces missions !

Une jeune première redoublante.

Alors que les Secrétaires du Conseil occupent habituellement ce poste une seule année, la Secrétaire Boccara a tellement souffert de son « 4/5ème« , en 2014, qu’elle a de nouveau accepté ce poste, en 2015, pour un « quasi temps plein« .

Elle aura donc perçu, au total, un cachet de 180 000 euros HT (soit 216 000 euros TTC), c’est-à-dire la même somme … que le Vice-Bâtonnier pour la même période !

Ah … cachetonner, à l’UJA, c’est un art, une science ! On vous en dira davantage dans un prochain épisode.

Tout cela n’est évidemment dû qu’à son mérite. Evidemment, puisqu’elle a reçu du Bâtonnier la médaille de Chevalier de l’Ordre national du Mérite ! On vous racontera aussi, dans une autre saison, comment l’Ordre décore ses dévoués serviteurs de l’UJA pour services rendus au Bâtonnier à la Nation.  

Ad hominem … diabolicum ?

Nommer Annabel Boccara, c’est pas beau ?

Ne pas nommer la personne en cause, c’est accuser, par amalgame, toute la collectivité à laquelle elle appartient. C’est accuser tous les avocats missionnés par l’Ordre, alors que beaucoup d’entre eux exercent des missions réelles, sont bénévoles ou sont peu rémunérés ou rémunérés justement.

Nommer, c’est faire assumer à chacun ses responsabilités.

Au MAC, on nomme et on assume. Et on le fait bénévolement.

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