Elections au Bâtonnat 2014 : « Sa Majesté le Bâtonnier ! »

Chaque semaine, à la séance du Conseil de l’Ordre de Paris, l’entrée du Bâtonnier est annoncée par le même cri d’un héraut aux 42 Membres du Conseil qui l’accueillent debouts : « Madame le Bâtonnier ! » (le point d’exclamation est dans la ponctuation du cri original). 

Le 31 décembre 2013, Christiane Féral-Schuhl, Bâtonnier de Paris qui s’était proclamée « vigie des libertés » (discours d’investiture du 6 décembre 2011 – le Diable en rit encore …), achèvera son mandat. 

Elle soulagera au passage ses Confrères de 90 000 Euros, en guise de prime de départ, en plus des 180 000 Euros par an qu’elle aura prélevés à titre d’ « indemnité » sur leurs cotisations (soit une somme totale de 450 000 Euros hors taxes).  

Il faut dire que le bâtonnat est un véritable sacerdoce, au cours duquel le (mal)heureux élu sacrifie son cabinet.

Il n’y a qu’à voir le sort (peu) enviable des anciens bâtonniers après cette terrible épreuve : Francis Teitgen est devenu Partner de Weil Gotschal, Paul-Albert Iweins est devenu Partner de Taylor Wessing, Jean-Marie Burguburu (qui était associé chez Gide) est devenu Partner Of Counsel de Debevoise & Plimpton (quelques années après la fin de son bâtonnat pour être exact), Yves Repiquet est devenu associé de Brandford Griffith puis de Jeantet, etc ….

Le 1er janvier 2014, le Dauphin Pierre-Olivier Sur prendra ses fonctions de Bâtonnier de Paris.

Mais qui se présentera en décembre 2014 pour lui succéder et siéger comme Dauphin en 2015, puis comme Bâtonnier en 2016 et 2017 ?  

En exclusivité pour vous, chers Confrères, avant même que les journalistes en parlent, le MAC a mené son enquête et vous révèle les noms des candidats pressentis, de ceux qui « réfléchissent encore » à ceux qui y « pensent sérieusement », et même de certains qui y ont pensé .…

Car la campagne, c’est maintenant !  

David Gordon-Krief et Marie-Aimée Peyron, ou l’UJA dans tous ses états.

Question : qui sera le candidat de l’Union des Jeunes Avocats ?

Problème : il semble bien qu’il pourrait y en avoir … deux !

En effet, au 22 avril 2013, David Gordon-Krief et Marie-Aimée Peyron, qui furent présidents de l’UJA de Paris, déclarent tous deux y « réfléchir sérieusement ».

Il parait que Henri d’Armagnac y a aussi pensé, mais cet ancien Président de l’UJA de Paris est sûrement trop occupé à défendre le cabinet d’affaires Racine dans son contentieux en requalification contre un de ses anciens collaborateurs …. Il attendra donc 2018.

Benoit Chabert, le POSt-scriptum de POS (Pierre-Olivier Sur) ?

Sur le grand échiquier du Barreau, les stratégies électorales se projettent sur une décennie et les bâtonniers de Paris passent le bâton à leurs amis.

Il en fut ainsi de Yves Repiquet, Bâtonnier de Paris en 2006 et 2007, qui a passé le relais à Christiane Féral-Schuhl, qui fut sa co-directrice de campagne avec Bruno Marguet, qui fit lui-même ensuite campagne pour Christiane Féral-Schuhl, qui elle-même le nomma Secrétaire du Conseil de l’Ordre en 2012 …. Jusqu’au jour où lui-même se présentera au bâtonnat. Une sorte de triumvirat ordinal.

De même, Benoit Chabert, ancien Secrétaire de la Conférence, qui a fait campagne pour Pierre-Olivier Sur, lui aussi Secrétaire de la Conférence (dans la même promotion), se présentera en 2014 pour lui succéder.   

Hubert Flichy et Frédéric Sicard : qui sera le favori de la Reine ?

Frédéric Sicard, candidat en 2012, a décidé de se présenter à nouveau au bâtonnat.

Il avait été soutenu par Christiane Féral-Schuhl aux dernières élections.

Mais on murmure au Palais qu’il ne serait plus le favori de la Reine, qui soutiendrait Hubert Flichy aux prochaines élections.

Hubert Flichy, associé fondateur du cabinet éponyme, spécialisé en droit du travail, qui a déjà commencé à convoiter le soutien précieux des grands cabinets et de leurs 5 000 voix en les défendant dans les contentieux contre leurs collaborateurs.

Et il a accompli un véritable contre-exploit : alors que le Bâtonnier de Paris prononce, en moyenne, une seule requalification chaque année, Hubert Flichy a laissé la firme Allen Overy, qu’il défendait, subir une requalification en contrat de travail (décision du Bâtonnier de Paris, 17 mai 2010) [NDLR : les autres contentieux de requalification sont souvent transigés.].    

Jean-Bernard Thomas et Jean-Louis Bessis : les fous du Roi.

Jean-Bernard Thomas, qui fut candidat en 2012, consulte encore les oracles.   

Si ceux-ci lui étaient favorables, il affronterait alors, une fois encore, Jean-Louis Bessis, qui fut lui aussi candidat en 2012 et qui a décidé de se représenter. Et peu importe à ce fou du Roi de n’être pas bien en Cour parce qu’il a osé dénoncer le faste des courtisans – crime de lèse-majesté !

Nos chers candidats mettront tous en ligne des sites de campagne, qui regorgeront de promesses électorales … et qui s’évaporeront dans la toile une fois l’élection passée.

Cherchez donc les sites de campagne de Christiane Feral-Schuhl et de Pierre-Olivier Sur. Vous ne les trouverez pas.

C’est bien dommage pour notre démocratie ordinale [NDLR : le MAC affectionne les oxymores].  

Nous aimerions tellement pouvoir jauger les actes de nos politiques à l’aune de leurs paroles !

Pourquoi les avocats électeurs ne pourraient-ils plus accéder aux sites de campagne et vérifier ainsi que leurs bâtonniers élus tiennent bien leurs promesses de candidats ?

Le MAC a donc adressé cette missive à nos dignes représentants (PS : merci de ne pas ouvrir de nouvelles poursuites disciplinaires contre nous).

Lettre du MAC du 23 avril 2013 à Christiane Féral-Schuhl et Pierre-Olivier Sur :

Lettre batonniers sites campagne

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