Christiane Féral-Schuhl, Bâtonnier de Paris : une femme à hommes ?

Ce vendredi 8 mars 2013, à l’occasion de la Journée de la Femme, Christiane Féral Schuhl, Bâtonnière de Paris, organise une conférence intitulée « Ces femmes qui portent la robe. ».

Une conférence qui porte le titre du livre dont elle est l’auteur et qui est paru la veille.

Une conférence dont l’affiche est identique à la couverture de ce même livre.

Une conférence organisée aux frais des avocats parisiens, avec leurs cotisations, et qui apparait plus comme une promotion publicitaire de la Bâtonnière et de son livre, à coups de communiqués de presse et de reportages télévisés, que comme une promotion des droits des femmes avocates.

La conférence sera l’occasion pour la Bâtonnière de nous dire qu’il faut promouvoir les femmes au sein de la profession d’avocat. Notre Bâtonnière qui avait déclaré au magazine Elle, en décembre 2012 :

« Le message que je souhaite faire passer ? Il faut laisser toute la place aux femmes. Elles peuvent faire aussi bien que les hommes et apporter plus.« 

Mais qu’en est-il au sein du Conseil de l’Ordre de Paris qu’elle préside ?

La Bâtonnière n’a désigné que des hommes aux postes de pouvoir et rémunérés du Conseil de l’Ordre, alors même que ce Conseil est composé d’un tiers de femmes et que les femmes sont majoritaires au Barreau de Paris.

Le Secrétaire du Conseil pour l’année 2013, Kami Haeri, est un homme (de même que l’est le précédent Secrétaire du Conseil nommé par la Bâtonnière pour l’année 2012, Bruno Marguet). Il est rémunéré 60 000 Euros par an au titre de ses fonctions. Il établit l’ordre du jour et décide notamment de soumettre aux débats les questions qui intéressent les femmes avocates (congé de maternité, …).   

Sous le précédent Bâtonnier, Jean Castelain, en 2010 et 2011, les Secrétaires du Conseil de l’Ordre furent des femmes, Hélène Bornstein et Julie Couturier.

Le Secrétaire de la Commission de Déontologie, Christophe Thévenet, est un homme. Il est aussi rémunéré 60 000 Euros par an. Il arbitre notamment les litiges déontologiques, par exemple dans les affaires où un avocat refuse un renvoi d’audience à une avocate enceinte.

Sous le précédent Bâtonnier, en 2011, la Secrétaire de la Commission de Déontologie était une femme, Catherine Saint Geniest.  

Le Secrétaire de la Commission des Finances, Antoine Diesbecq, est un homme. Il est également rémunéré 60 000 Euros par an. Il administre les finances de l’Ordre et gère en particulier les demandes de subvention des syndicats et associations d’avocat(e)s.

Le Coordinateur de l’Autorité de poursuites, Alain Weber, est un homme. Il ouvre des poursuites disciplinaires ou classe sans suite les plaintes qui émaneraient d’avocates qui dénonceraient des discriminations dans leurs cabinets. A ce jour, il n’a ouvert aucune poursuite disciplinaire pour des faits de discrimination faite aux femmes.  

On comprend mieux pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, l’organigramme du Conseil de l’Ordre n’a toujours pas été voté ni publié sur le site du Barreau de Paris, alors qu’il est habituellement voté et publié en janvier ….

Enfin, s’il y a une femme qui n’a pas à se plaindre de discrimination au milieu de tous ces hommes, c’est bien la Bâtonnière : c’est elle qui touche le plus au titre de ses fonctions (180 000 Euros par an, sur nos cotisations).

Madame la Bâtonnière – vous qui demandez à vous faire appeler « Bâtonnier » -, lors de la dernière séance du Conseil de l’Ordre du 5 mars courant, vous avez déclaré haut et fort aux Membres du Conseil :

« Je ne suis pas féministe. Je vous le dis clairement, je ne suis pas féministe. »

Nous vous croyons Madame la Bâtonnière. Nous vous le disons clairement, nous vous croyons.

Addendum :

Après la publication de notre article (le 7 mars 2013), notre Bâtonnière-amie-des-femmes a finalement eu le courage de mettre en ligne son organigramme phallocrate, vers le 22 mars 2013, une fois passée sa conférence sur « Ces femmes qui portent la robe » (en fait sur la parution de son livre).  

Vous pouvez désormais vérifier nos dires par vous-mêmes, sur les postes cités par nous : http://dl.avocatparis.org/Bulletins/2013/Organigramme_2013.pdf 

Vous trouverez certes des femmes à certains postes – forcément, elles constituent un tiers du Conseil, il faut bien en faire quelque chose ! Mais ne vous y trompez pas : ce ne sont pas des postes de pouvoir rémunérés.  

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