Lettre d’un avocat mal pensant à Christiane Féral-Schuhl, Bâtonnier de Paris.

Madame le Bâtonnier,

Vous êtes Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris.

Vous avez beaucoup de pouvoir.

Ce que nos Confrères ont fait démocratiquement, par les urnes, en apportant par milliers leurs voix au Président du MAC pour les représenter au Conseil de l’Ordre, vous pouvez le défaire, à vous seule, par les armes, en le poursuivant disciplinairement.  

C’est ainsi que, à peine deux mois après sa réélection, vous ouvriez des poursuites disciplinaires contre le Président du MAC.

                        Photo élections 2012 MCO

Malheur aux vaincus vainqueurs !

Le pauvre fou. Lui qui pensait que la légitimité du suffrage universel le protégerait contre les abus ordinaux …. Tu parles : élections, piège à Bittons !

Il y a plus de 25 000 avocats au Barreau de Paris. Votre Ordre reçoit chaque année plus de 5 000 réclamations déontologiques, plus de 3 000 contestations d’honoraires, et, pourtant, vous n’ouvrez qu’environ 300 poursuites disciplinaires.

En somme, vous pardonnez beaucoup de choses à beaucoup de nos Confrères … mais pas au Président du MAC, qui se trouve être votre principal opposant politique au Conseil de l’Ordre.

Vous avez commencé par l’accuser de crimes syndicaux, sur plaintes d’élus de l’Union des Jeunes Avocats, de Jeannette Bougrab et de sa firme Mayer Brown (lire « Christiane Féral-Schuhl fait son entrée (fracassante) dans l’Histoire : le jour où le Bâtonnier de Paris lança des poursuites contre les petits papiers du MAC »).

Mais vous avez été poursuivie à votre tour par la clameur publique, qui vous criait qu’on ne sanctionne pas un avocat pour ses opinions.

Alors vous avez ajouté autre chose … et, dans quelques jours, vous le ferez juger par votre Conseil de discipline.

Retour sur une épopée disciplinaire très épique. 

Alain Weber : enfin un élu qui tient ses promesses !

Souvenez-vous, c’était le 27 février 2013, au lendemain de l’ouverture des premières poursuites disciplinaires contre le Président du MAC.

La Ministre de la Justice vous remettait une énième décoration [NDLR : c’est la première fois dans l’histoire qu’un Bâtonnier de Paris se fait décorer, pendant son mandat, par un Ministre de la Justice. Avez-vous tenu parole, vous qui nous aviez promis un « Barreau indépendant » dans vos discours de campagne … ?].

En pleine cérémonie, Alain Weber, votre ‘Coordinateur de l’autorité de poursuite’ l’avait juré au Président du MAC : « Tu vas voir, tu vas crouler sous une avalanche de plaintes et tu vas couler ton cabinet ! ». 

Il faut dire que Monsieur Weber était en grande forme ce soir là.

Alors qu’une Membre du Conseil de l’Ordre avait osé élever une protestation contre ces menaces éhontées, Alain Weber lui avait répondu, avec un geste plein de galanterie : « Toi, dégages ! Je ne t’ai pas parlé, alors tu dégages ! ». Et comme elle ne semblait pas bien comprendre sa prose, il insista : « Je te le répète, tu dégages ! ».    

Voilà un homme qui sait parler aux femmes. Ce qui ne laissa pas notre Consoeur insensible et provoqua quelques éclats de voix sous les lustres de la Chancellerie. On revoit encore la Garde des Sceaux interrompre sa conversation avec vous et se retourner, le sourcil arqué, l’œil interrogateur.

Notre Consoeur vous adressa, pleine de confiance, une plainte, à vous l’amie-des-femmes. Et, comme vous savez si bien le faire, vous n’avez rien fait. Vous n’alliez tout de même pas poursuivre votre propre procureur !

Pour en revenir à notre affaire, nous savions qu’en cherchant un peu, Alain Weber finirait bien par trouver un client mécontent ou un Confrère revanchard …. 

Eh bien, il a trouvé les deux !

Les complots n’existent pas.

Quelques mois plus tôt, en novembre 2012, une cliente vous adressait une banale contestation d’honoraires qui, comme à l’accoutumée, avançait toutes sortes de griefs pour justifier sa réclamation pécuniaire : mon avocat n’a pas répondu à toutes mes questions, il n’est pas assez réactif, etc ….

L’Ordre transmettait naturellement cette réclamation au service ‘fixation des honoraires’, qui convoquait les parties pour arbitrer cette contestation d’honoraires.

A l’époque, le Président du MAC n’était pas encore réélu.

Mais voilà qu’après sa réélection, l’affaire pris une toute autre tournure.

Cette fois-ci, la cliente déposait une plainte disciplinaire entre vos mains, sous la plume de notre Confrère Gérard Tcholakian, qui apparaissait pour la première fois dans cette affaire.

Gérard Tcholakian en po(r)te à faux.

Qui est Gérard Tcholakian ? Comment la cliente l’a-t-elle choisi parmi les 25 000 avocats parisiens ?   

Gérard Tcholakian a une qualité essentielle : il est l’ami d’Alain Weber.

Un bon ami, qui partage pour valeur commune la détestation du Président du MAC.

Un vieil ami, qui a fait son stage au cabinet dont Alain Weber est associé.

Un ami précieux, qui a appelé à voter pour Alain Weber lors des élections ordinales, sachant qu’il a été élu comme Membre du Conseil de l’Ordre de justesse, à onze voix près ….

 Mails Tcholakian Weber

Un ami sur qui on peut compter (les voix).

De là à dire que Alain Weber serait allé chercher cette cliente pour la confier aux bons soins de son ami Gérard Tcholakian ….

Vous avez donc ouvert de nouvelles poursuites disciplinaires sur la plainte de cette cliente bien conseillée.      

Pourquoi ?

Pendant ces longs mois de procédures disciplinaires, de poursuites à répétition, de renvois, d’auditions, de confrontations, d’exceptions de procédures, le Président du MAC a eu le temps de réfléchir à cette question existentielle : pourquoi ?

Pour faire taire un élu qui pose trop de questions sur l’usage des cotisations de nos Confrères ?

Pour favoriser l’UJA, elle qui enrageait aux dernières élections de voir le MAC lui ravir des sièges au Conseil National des Barreaux et au Conseil de l’Ordre ?  

Pour débarrasser des grands cabinets (Clifford Chance, …) de cet empêcheur d’exploiter en rond, eux qui sauront vous en être reconnaissants … ?

Pour faire plaisir à l’ancienne ministre Jeannette Bougrab (il est tellement plus simple de prendre le parti du plus fort …) ?

Quelles drôles d’idées ! Que de vaines polémiques et procès d’intentions !

Une Bâtonnière peut en cacher une autre

Madame le Bâtonnier, vous avez vraiment beaucoup de pouvoir.

Mais vous ne pourrez jamais supprimer ces vieilles traditions de la langue française que sont la satire, le brûlot et le pamphlet.

Et pour vous en convaincre, nous vous suggérons d’écouter Dalida, cette femme qui défendait sa liberté d’expression et son droit à la provocation, en dépit des menaces de mort. Et toujours avec le sourire !

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