Exclusif – Jeannette Bougrab, la token woman de Mayer Brown ?

Le MAC aime les femmes.

Et il n’admet pas qu’on les maltraite ou qu’on les trompe.

Surtout quand elles sont avocates collaboratrices.

Mayer Brown, spécialiste en droit de la publicité mensongère.

Souvenez-vous, c’était il y a quelques mois.

Le MAC publiait un billet intitulé « Faux-associés-vrais collaborateurs de cabinets internationaux, ou la supercherie du statut de ‘Partner’ » (pour lire l’article, cliquez ici).

Nous dénoncions l’usage frauduleux que la firme Mayer Brown faisait du titre de Partner (associé).

Ainsi, la firme présente sur son site 25 associés, dont cinq femmes, alors qu’elle ne compte en réalité que neuf associés … tous hommes !

Les autres prétendus associé(e)s apparaissent ainsi sur l’annuaire du Barreau comme « collaborateurs », puisqu’ils ont dûment adressé leurs contrats de collaboration à l’Ordre. 

Voilà une belle tromperie faite aux clients, qui croient traiter avec un(e) associé(e) appartenant à une firme d’envergure, mais aussi aux avocates, qui croient rejoindre une firme soucieuse de l’égalité entre hommes et femmes.

Une tromperie qui nuit aussi aux collaborateurs dans leur évolution de carrière et crée une concurrence déloyale avec les cabinets qui ne se livrent pas à cette publicité mensongère.

Le Président du MAC avait donc saisi le Conseil de l’Ordre.

Le Bâtonnier avait alors assuré qu’il allait constituer une commission ad hoc, dont le Président du MAC pourrait même faire partie (!), en vue de faire un rapport sur ces ‘non-equity partners’ dans les sociétés d’avocats de droit anglais (‘L.L.P.’).

C’est drôle mais, depuis lors, trois mois se sont écoulés et on n’a toujours pas entendu parler de cette commission ad hoc, pour ne pas dire fantôme, malgré nos relances.

Comme si le Conseil de l’Ordre, dont plusieurs élus sont associés de cabinets internationaux (parfois eux-mêmes ‘nonequity partners’), n’était pas trop pressé d’approfondir la question.

Il est vrai que l’Ordre peut prendre son temps, puisque les fautes disciplinaires ne sont soumises à aucune prescription. Elles sont imprescriptibles … comme les crimes contre l’humanité !

La firme n’a pas non plus daigné retirer les mentions litigieuses de son site, ne serait-ce que par précaution en attendant les conclusions du rapport ordinal. 

Jeannette Bougrab, femme alibi d’une égalité fictionnelle.

Heureusement, une actualité peopolitique nous donne l’occasion de remettre cette firme sur le devant de la scène.  

Mayer Brown s’est payé le luxe de recruter Jeannette Bougrab, qui fut Secrétaire d’Etat et, surtout … Présidente de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (ancienne HALDE, intégrée au Défenseur des Droits).

Il faut dire que Jeannette Bougrab est une belle prise. D’une pierre deux coups (“Kill two birds with one stone”) : elle est à la fois une femme et est issue d’une minorité visible, selon l’expression consacrée.

La firme peut ainsi montrer un semblant de cohérence entre son discours et ses actes, puisque la firme proclame sur son site, dans une rubrique « Diversity », que l’égalité des races, des sexes, etc … est sa « marque de fabrique ». Bref, le genre de formules banales qu’ils ont dû copier-coller sur des sites d’autres firmes …. 

Le MAC ne remet pas ici en cause la qualité d’avocate de Jeannette Bougrab, que ce soit en termes de diplômes obtenus (Docteur en droit public) ou de fonctions exercées (Maître de Conférences à l’Université Paris I, Maître des requêtes au Conseil d’Etat).

Elle remplissait à l’évidence tous les critères pour devenir avocate, en vertu décret 27 novembre 1991 (article 97, al. 1er). Elle n’a donc pas bénéficié du nouveau décret « passerelle », très contestable et contesté par le MAC devant le Conseil d’Etat [NDLR : on devrait d’ailleurs l’appeler décret « passoire »].

Le MAC ne fait pas non plus de politique. Il n’est pas de droite ou de gauche. Il est là où est son intérêt : dans la défense des avocats collaborateurs.  

Ce que le MAC n’accepte pas, c’est qu’une firme instrumentalise la notoriété d’une femme engagée.

Car Mayer Brown a fait de Jeannette Bougrab ce qu’elle a fait de ses autres femmes avocates : de fausses associées. 

A vous d’en juger.

Sur le site de la firme, Jeannette Bougrab est présentée comme une « associée » ou « Partner » :

  

[NDLR : le MAC étant respectueux du droit à l’image, il a remplacé la photographie de Jeannette par le tableau de la Joconde.].

Pourtant, sur l’annuaire officiel du Barreau, elle apparaît bien comme collaboratrice :

  

Et voilà ! Le tour est joué !

Il est évidemment impossible, juridiquement et déontologiquement, qu’un avocat soit à la fois associé et collaborateur libéral dans une même structure.

Et comme la firme a bien conclu avec elle un contrat de collaboration libérale, dûment enregistré auprès de l’Ordre, elle ne peut donc pas être associée. 

Dans le jargon anglo-saxon de la lutte contre les discriminations, on appelle ça une ‘token woman’.

Autrement dit une ‘femme alibi’, qu’on place dans un conseil d’administration pour faire de la figuration, pour satisfaire aux quotas ethniques imposés par certains Etats, pour remplir les conditions de plus en plus souvent imposées par les appels d’offres publics ou privés, … et enfin pour attirer nos charmantes Consoeurs, qui se prennent à rêver d’un avenir égalitaire.

Clifford Chance [NDLR : ils nous manquaient ceux-là … un peu comme un punching ball manque au boxeur] avait aussi, il y a quelques années encore, sa token woman, qui était la seule associée de la firme à Paris.

Elle avait mis 20 ans à devenir Partner, là où ses virils Confrères ne mettaient que huit à dix ans pour être cooptés par leurs camarades de foot [NDLR : Yves Wehrli, Contremaître de l’Atelier parisien, est un footeux notoire].

Il est vrai qu’elle n’est pas la nièce de tel associé historique … et qu’elle n’est pas non plus une footeuse – du moins à notre connaissance.

L’histoire ne dit pas si elle est elle-même une non-equity partner, comme il y en a chez Clifford Chance … ! 

Le MAC, sauveur des femmes en péril.

Le MAC, tel un justicier, à la manière d’un Romain Gary qui voulait être le héros des femmes et surtout de sa mère (La promesse de l’aube), a décidé de sortir de son fourreau son arme la plus aiguisée : sa plume.

Et il a écrit à notre Consoeur abusée, ainsi qu’à Madame Christiane Féral-Schuhl, Bâtonnier de Paris, qui – ça tombe bien – vient justement d’être nommée membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. 

Lettre du Président du MAC à Jeannette Bougrab du 21 janvier 2013 :

Comments are closed.