Élections ordinales : l’envers (ou l’enfer) de la démocratie.

Le MAC affectionne les jeux de rôles.

Il prend un certain plaisir à assister à cette grande comédie de démocratie qui se joue chaque année lors des élections ordinales.

Hélas, lui qui aime tant les sensations fortes, les montées d’adrénaline qui donnent le vertige, il ne ressent aucun suspense à l’approche du premier tour (mardi 11 décembre, de 8h30 à 19h), car il sait déjà qui seront les heureux élus. 

En exclusivité pour vous, chers Confrères éclairés, nous vous permettons, ici et maintenant, de deviner les noms de certains de vos 14 futurs représentants au Conseil de l’Ordre de Paris.

Petit traité de sciences politiques ordinales, à l’usage des collaborateurs, qui doivent se mobiliser pour ne pas se laisser confisquer leurs votes ….  

Titre I : l’UJA, élue par la (gr)ACE.  

Vous vous demandez peut-être pourquoi l’UJA réussit, chaque année, à faire élire tous ses candidats au Conseil de l’Ordre, peu important leur notoriété ou leurs mérites personnels [NDLR : il n’y eut qu’un seul accident de parcours, un certain Jérôme Depondt, qui fut finalement élu l’année suivante. Le problème, c’est qu’il s’obstine à indiquer sur son site « Membre du Conseil de l’Ordre » alors qu’il ne l’est plus depuis au moins trois ans ….].

Comme chaque année, les candidats de l’UJA ont fait campagne avec ceux de l’ACE (Avocats Conseil d’Entreprise) et des grands cabinets d’affaires.

La plupart des grands cabinets d’affaires, qu’ils présentent ou non des candidats, ont ainsi organisé des réunions de présentation, dans leurs locaux, à l’attention de leurs centaines de collaborateurs.

Lors de ces réunions, ils n’ont – souvent mais pas toujours – invité que les candidats des grands cabinets et de l’UJA, ou ‘affiliés’ [NDLR : il y a toujours quelques candidats qui font campagne avec eux – cette année il y en a deux ou trois – et qui concluront des alliances avec l’UJA dans l’entre d’eux tours pour ‘s’apporter’ leurs voix respectives].  

Les collaborateurs des cabinets d’affaires, qui représentent environ 5 000 voix, ne peuvent ainsi rencontrer que les candidats que leurs associés veulent bien leur présenter.

Et les autres candidats ?

Parfois, le Président du MAC s’est invité à telle réunion dont il avait eu vent. Il ne fut que très rarement invité.

D’autres fois, il a été bloqué à l’entrée.

Ainsi, le 16 novembre 2012, le Président du MAC, ayant été alerté d’une réunion de candidats chez Orrick, s’est présenté aux portes de la firme.

Il a aperçu une candidate de l’UJA qui franchissait le perron, d’un pas léger, une liasse de professions de foi sous le bras, « et avec le sourire » – on aurait dit Perrette de Jean La Fontaine !   

Et pour cause : elle était invitée, elle, et pas par n’importe qui. Par Catherine Saint Geniest, Partner at Orrick LLP, Membre du Conseil de l’Ordre, Gardienne des Bonnes Mœurs Ordinales, la Miss Mac 2012 [NDLR : encore une qui a voté pour la subvention de 70 000 Euros de l’UJA … et contre celle de 14 200 Euros du MAC. Au moins, elle sait faire la différence entre des syndicalistes et des intermittents du spectacle] : 

 

Et ce qui devait arriver arriva : Catherine Saint Geniest, qui avait organisé cette réunion et y a participé, a personnellement bouté le Président du MAC, ainsi qu’un autre candidat indésirable, hors des murs de la firme, comme de vulgaires représentants de commerce [NDLR : nous qui pensions que la profession d’avocat était incompatible avec le métier de concierge].

Pourtant, Catherine Saint Geniest est Membre de la Commission Elections du Conseil de l’Ordre. Cette Commission est chargée d’organiser les élections, en toute indépendance et impartialité, et ses Membres sont évidemment tenus à un devoir de réserve dans le débat électoral, afin de ne pas rompre l’égalité entre les candidats.

Elle fut aussi Secrétaire de la Commission Déontologie et elle est actuellement Secrétaire de l’Autorité de poursuite disciplinaire.

Mais qui ira poursuivre Catherine Saint Geniest pour ces manquements manifestes à la délicatesse, à la confraternité et à l’éthique électorale ? 

Il y a des grands cabinets qui, bien que n’ayant pas de Membres au Conseil de l’Ordre, ont fait preuve d’un comportement plus démocratique en ouvrant leurs portes à tous les candidats, même au MAC.  

Comme disait Georges Orwell dans La ferme des animaux, tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres ….

Le moment venu, à la veille du premier tour, chacun apportera ses voix à l’autre : les grands cabinets appelleront à voter pour leurs candidats et pour ceux de l’UJA, et l’UJA en fera de même.

C’est ainsi que, lors des dernières élections de 2011, Catherine Saint Geniest [NDLR : on va finir par l’appeler Cathy, cette ‘habituée’ du MAC] n’a pas hésité à adresser ce courriel aux collaborateurs de son cabinet, pour les sommer de voter comme il faut : 

 

Et si l’un des candidats de l’UJA est en ballotage après le premier tour, les grands cabinets et l’ACE lanceront, dans l’entre-deux tours, des appels à voter pour ces ‘syndicalistes’ très dociles.

Un certain Vincent Ohannessian, candidat de l’UJA, en sait quelque chose [NDLR : Vincent, pourquoi as-tu voté contre la subvention du MAC ? On t’aimait bien …].

En 2011, il fut sauvé miraculeusement dans l’entre-deux tours, grâce à la mobilisation des grands cabinets.

Au soir du premier tour, il était en 16ème position, donc en ballotage.

Au second tour, ô providence, il se retrouva en 11ème position, élu !

Autrement dit, en une nuit, il a acquis près de 800 voix supplémentaires ….

Mais nous savons bien que les tours de magie n’existent pas ! Où est la trappe, quel est le fil invisible ?

Ils sont ici, dans ce genre de courriels que Louis Degos, candidat de l’ACE et de la firme K L Gates, a adressé au Barreau de Paris, dans la nuit de l’entre-deux tours, appelant à voter pour les candidats de l’UJA … :     

 

 

(Pacte de corruption entre l’UJA et l’ACE)

Le même Louis Degos qui, une fois élu au Conseil de l’Ordre, a voté pour la subvention faramineuse de l’UJA et toujours contre celle, très modérée, du MAC [NDLR : ça ne se fait pas].

Voilà donc le secret du succès électoral de l’UJA, censée défendre les collaborateurs contre leurs cabinets : passer des alliances avec ces mêmes cabinets.

Titre II : l’UJA, ou la démocratie appliquée à soi-même.  

Le MAC n’est pas adepte des pratiques déviantes.

Mais pour le ‘bon client’ qu’est l’Union des Jeunes Apparatchiks, il va faire une exception.

Il va soumettre l’UJA à la question.

Car savez-vous que l’UJA, à chaque élection, convoque les candidats au Conseil de l’Ordre pour leur imposer des questions pendant toute une soirée ?

Ces petits censeurs s’autorisent ainsi à torturer tous leurs Confrères candidats.

Tous, sauf les leurs, bien entendu.

En voilà une belle leçon de démocratie ! C’est un peu comme si, aux élections législatives, l’UMP convoquait les candidats du PS et du Nouveau Centre pour les questionner publiquement, sans questionner ses propres candidats.

C’est beau le débat.

Le MAC a tellement de questions à poser à l’UJA qu’elles se bousculent dans sa tête [NDLR : un peu comme dans ce chapitre de Belle du Seigneur, où Ariane se demande si Solal l’aime vraiment. Après la publication, Albert Cohen reçut des centaines de lettres et photos d’admiratrices. Écrivain, quel beau métier !].

Juste pour vous, chers lecteurs ‘maqués’, voici un dialogue (presque) imaginaire entre le MAC et l’UJA ….

MAC : Vous fêtez vos 90 ans. Quand on voit la précarité du statut de l’avocat collaborateur, on se demande ce que l’UJA a fait pendant toutes ces décennies …. La vieille dame qu’est l’UJA devrait faire preuve de plus de pudeur et éviter de dire son âge.  

UJA : Ben … On a beaucoup fait la fête : Revue de l’UJA, Beaujolais nouveau, soirées en boite de nuit, … Bref, du pain et des jeux pour le peuple, comme dans la Rome antique. Ca marche comme ça à l’UJA !

MAC : La com’, c’est bien, mais l’action c’est mieux. Chaque année, au moment des élections, vous vous indignez du sort des collaborateurs (maladie, maternité, …). Mais pourquoi vos élus au Conseil de l’Ordre, nombreux depuis tant d’années, n’ont jamais fait ces propositions de réformes au Bâtonnier ? 

UJA : Bah non ! Si on fait voter ces réformes, l’année d’après, on n’aura plus de promesses à faire à ces pauvres collaborateurs …. Pour que le collaborateur vote UJA, il faut qu’il souffre.

MAC : Vos élus au Conseil de l’Ordre, dont une certaine Carine Denoit-Benteux [NDLR : oui, oui, elle aussi a voté, par procuration, contre la subvention au MAC. Elle a pourtant l’air sympâ comme ça …], ont élaboré une Charte de la Collaboration, qui n’a aucun caractère contraignant. Or, dans vos questions aux candidats au Bâtonnat, vous leur demandez s’ils s’engagent à rendre cette Charte obligatoire. Mais pourquoi vos élus au Conseil de l’Ordre n’ont pas proposé de la rendre obligatoire ? C’est un véritable ‘mic-mac’ votre histoire ….

UJA : En voilà une question ! Le MAC n’y connait vraiment rien en politique ! Ch’t’explique, mon coco : à l’extérieur du Conseil, on revendique, on crie au scandale, mais une fois élus, à l’intérieur, on s’arrange …. On ne va quand même pas contrarier les élus des grands cabinets qui font élire nos candidats. Sinon, l’année d’après, nos candidats risquent de ne pas être élus. Compris ?

MAC : C’est bien dommage pour cette Charte Collaboration …. Car comme disait Montesquieu, les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.

UJA : Vous êtes vraiment fous au MAC !

MAC : Un peu, c’est vrai. Mais comme disait Montaigne, on construit des maisons de fous pour faire croire à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont encore la raison. Tiens, une idée folle : pourquoi ne pas fusionner l’UJA et l’ACE pour créer l’ « UJACE » ? Comme ça, au moins, vous feriez des économies de coûts de fonctionnement.

UJA : Pas si bête ! Enfin, vous savez, nous ne payons pas de loyer : le local de l’UJA nous est mis à disposition gratuitement par la grâce de l’Ordre. A part ça, nous sommes très indépendants. 

MAC : Justement, passons au financement de l’UJA. Ca ne vous pose pas problème d’être subventionnés par les grands cabinets ? Comment vous faites quand un collaborateur vient vous voir pour le défendre contre ces cabinets d’affaires qui votent votre subvention ou font partie de l’ACE, genre Skadden, KL Gates, UGGC, August Debouzy, Orrick, Huglo Lepage, Clifford Chance [NDLR : joyeux anniversaire !] … ? Comment vous opposer à Salans (dont l’associé Jean-Louis Magnier à voté pour la subvention UJA et contre celle du MAC), au moment où ce cabinet fusionne et risque de ‘supprimer les collaborateurs en doublon’ [NDLR : attention : le MAC va mordre profond !]. 

UJA : Pas question de répondre à la provocation ! On n’est pas au MAC, ici, on n’aime pas parler argent. C’est tabou chez nous !   

MAC : Oui, on vous comprend, mais tout de même ! Les avocats de notre Barreau ont le droit de savoir où passent leurs cotisations ! Les collaborateurs qui appellent « SOS Collaborateurs » ou qui vous demandent de les assister devant l’Ordre doivent savoir s’ils ont affaire à un syndicat indépendant. Nous préparons d’ailleurs la Saison 2 de notre saga « L’UJA, une amie qui vous veut des biens. ».   

UJA : Grrr …. [NDLR : notre interlocuteur devient tout rouge – oh la la, gentil le toutou !].

MAC : Vous dites que vous assistez les collaborateurs « bénévolement », « à titre gratuit ». Pourtant, d’après les informations que nous avons pu recueillir, les membres de l’UJA encaissent souvent des honoraires dans ces affaires …. 

Nous sommes contraints d’interrompre notre programme : un nervi de l’UJA nous a sauté dessus dans un couloir sombre, à l’abri des regards, et nous a saisi par la mâchoire en nous menaçant d’exercer sur notre personne des violences volontaire susceptibles d’entrainer une ITT supérieure à 30 jours ….

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